Un restaurant pour les gens qui ne vont jamais au restaurant.
Un restaurant où le serveur est roi.
Nous voulions passer une bonne soirée.
Mais le service était tellement impoli, paresseux et incompétent.
Amateur. Dilettante. Dégoûté. Pas accueillant.
Le genre qui déteste son travail et qui vous le fait bien sentir.
Nos verres étaient toujours vides.
Nos assiettes aussi.
Nous avons mangé 4 assiettes de pain.
Nous avons mangé tout le beurre.
Nous avons bu 4 bouteilles de Chateldon.
5 peut-être.
Pour faire passer le temps.
Son excellence le serveur n'avait pas de temps pour nous.
Virevoltant dans la salle de manière empressée pour compenser une inefficacité de classe mondiale, étant partout mais surtout nulle part, le virtuose nous ignorait, à vrai dire superbement.
Nous avons alors avisé son altesse sérénissime que nous voulions acheter une bouteille de vin en plus de la formule de dégustation de vin.
Nous avions soif. Rien dans les verres.
Nous avions faim. Attente interminable entre chaque bouchée faisant office de plat.
La star montante du service en salle l'a très mal pris.
Et nous a dit, vexé dans son orgueil, et drapé dans une indignation surjouée : dans ce cas, j’arrête l’accord mets-vins.
L’accord mets - (dés-à-coudre de vins)
Nous l'avons très mal pris.
Tant de médiocrité, de radinerie, et de paresse ne pouvant produire tant d’arrogance et d’ego mal placé.
Nous avons crié. Nous avons insulté. Nous avons menacé.
Nous sommes partis avant que cela ne dégénère.
Un restaurant fait pour les gens qui ne vont jamais au restaurant.
Un attrape-couillons déguisé en annexe du temple de la gastronomie servant (mal) des sam’suffit de banlieue déguisés en clients.
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Alors le patron, qui n’a pas osé sortir de sa kitchenette, a répondu, exactement comme prévu: les difficultés de la restauration etc.
Mais sur le fond, rien. Rien. Et une logique : tous les autres clients étaient contents.
Un nouveau concept : le restaurant gastronomique démocratique et syndiqué.
La diva des fourneaux, blessée par une vérité qu’elle n’entend plus depuis trop longtemps, parle même d’érection. Probablement pour séduire encore sa clientèle d’endimanchés économes, clientèle qui, à défaut de faire sa fortune, lui fait une solide réputation entre les pavillons et les cités-dortoirs de banlieue.